Saeed Mortazavi l’ex procureur de Téhéran condamné à une peine de deux ans de prison continuer de nier ses responsabilités dans la mort d’un manifestant de l’opposition en Juin 2009.
L’ancien Procureur général de Téhéran Saeed Mortazav i
3et 5 Décembre 2017 nouvelles qui nous sont parvenues par le biais du site Iranien d’opposition et de défense des droits humains du Center for Human Right in Iran – CHRI : L’ancien Procureur général de Téhéran Saeed Mortazavi , le seul haut fonctionnaire de l’appareil judiciaire Iranien qui ait été reconnu comme étant l’un des responsable de la mort d’un jeune manifestant qui avait été torturé à mort dans le centre de détention de Karhizak, à l’époque des manifestations populaires qui avaient précédé les élections présidentielles Iraniennes contestées de Juin-Juillet 2009, s’est publiquement opposé à sa condamnation à une peine de deux ans de prison à travers une « lettre publique » qu’il a adressé par voie de presse au peuple Iranien.
Saeed Mortazavi qui a été impliqué dans plusieurs affaires de violations des droits de l’homme tout au long de sa triste carrière, a également accusé le Juge de la Cour d’appel, qui l’a aussi condamné de complicité dans le cadre une autre affaire – sans rapport cette fois ci avec celle de la prison de Kahrizak -Ndr (En fait une affaire de détournement de fonds, datant de la période durant laquelle Ahmadinejad l’avait placé la tête de la direction des caisses de la sécurité sociale Iranienne).
« Dieu m’en est témoin, je n’ai eu aucune connaissance, ni aucuns liens avec les gardiens qui ont commis ces crimes dans la prison Kahrizak », a osé écrire Saeed Mortazavi dans sa lettre ouverte adressée au peuple Iranien datée du Lundi 27 novembre 2017.
Mortazavi était le Procureur général de Téhéran, à l’époque ou trois jeunes opposants au régime ; Mohsen Rouholamini, Mohammad Kamrani et Amir Javadifar étaient décédés après avoir été violemment torturés dans le centre de détention de Kahrizak. Ces trois victimes arrêtées le 10 juillet 2009 faisaient partie d’un groupe de 150 manifestants raflés ce jour-là pour avoir participé à des manifestations pacifiques à Téhéran, remettant en cause les résultats de l’élection présidentielle controversée de cette année-là.
Saeed Mortazavi avait été largement impliqué dans les transferts de tous ces manifestants arrêtés vers la prison de Kahrizak, alors qu’il était déjà parfaitement au courant des exactions qui s’y déroulaient. Il avait ensuite falsifié plusieurs rapports, afin de dissimuler les preuves sur les tortures et les assassinats de ces manifestants de l’opposition qui avaient été commis dans cet établissement pénitentiaire qui rappelons-le n’avait d’ailleurs à l’époque aucune légalité officielle.
Ces manifestations et protestations post-électorales de Juin-Juillet 2009 connues maintenant connues sous le nom de vague du Mouvement Vert, avaient été violemment réprimées par la police anti émeutes, des unités spéciales de voltigeurs motocyclistes (Connues sous le nom de SSF) appuyées par des miliciens Bassidj’is à la solde du régime totalitaire Iranien.
Ce Mardi 26 novembre 2017, Mortazavi a finalement été reconnu coupable de « Complicité de meurtre » et de « Placement en détention illégale de manifestants » dans l’affaire de la plainte déposée contre sa personne par la famille de Mohsen Rouholamini.
« Bien que Saeed Mortazavi ait accepté d’avoir une certaine part de responsabilité, dans les événements qui s’étaient déroulé dans le centre de détention de Kahrizak, la Branche numéro 22 de la Cour d’appel de Téhéran a décidé qu’il méritait seulement une réduction de sa peine préliminaire de cinq ans à deux ans de prison », a déclaré M. Hassan Kamali, l’avocat représentant la famille Rouholamini, lors d’une interview qu’il a accordé ce Lundi 27 Novembre 2017 aux activistes du Center for Human Right in Iran – CHRI.
En Septembre 2009 Shokrollah Bahrami, un officier membre de l’Organisation Judiciaire des forces armées Iraniennes, avait déclaré que 98 des plus de 100 personnes qui avaient été détenues à Kahrizak puis relâchées ensuite, s’étaient rendues à son bureau pour y déposer des plaintes contre des violences et les abus de pouvoir qu’elles avaient subies dans l’enceinte de cette prison.
Deux mois plus tard, la même organisation gouvernementale prétendit que sur les 98 personnes qui avaient porté plainte après être passées par la case de la prison de Kahrizak, 51 d’entre elles avaient finalement accepté de retirer leurs plaintes, après avoir été indemnisées dans le cadre d’une procédure collective « d’apaisement ». L’affaire de la plaine déposée par la famille Rouholamini contre Saeed Mortazavi reste donc pour le moment la seule plainte en toujours en cours à ce jour. Moshen Rouholamini était un jeune opposant, fils d’un ancien commandant des « Gardiens de la Révolution ».
-Déni de responsabilités le boucher Saeed Mortazavi persiste et signe.
Dans sa lettre ouverte, Saeed Mortazavi a continué de nier que Moshen Rouholamini ait perdu la vie après avoir été détenu dans le centre de détention de Kahrizak. Alors même qu’en Août 2009, un des meilleurs médecins légistes du pays avait déterminé que les causes exactes de la mort de ce jeune manifestant étaient dues à « Un manque d’arrivée d’oxygène au cerveau » et à des « Coups violents ayant gravement endommagé sa colonne vertébrale ».
Dans cette lettre Mortazavi a aussi attaqué la personne du juge qui avait prononcé la sentence contre lui en écrivant : « Je rappelle au public que Monsieur Ahmad Shiri, l’actuel président de la Branche 22 de la Cour d’appel de Téhéran qui m’a jugé, a lui aussi été accusé de complicité dans une affaire de meurtres prémédités de 17 enfants et adolescents survenu dans la région de Pakdasht Varamin (Une ville située dans la province de Téhéran) commis des mains d’un accusé du nom de Mohammad Bijeh »
Lors d’un jugement en première instance qui avait eu lieu le 11 Septembre 2016, Mortazavi dans une autre lettre soumise au tribunal, avait déjà refusé d’assumer ses responsabilités dans l’affaire des morts de la prison de Karhizak, en déclarant cyniquement dans celle-ci : « En tant que Procureur de Téhéran à cette époque, j’exprime de la honte pour ce qui s’est passé lors de ces terribles incidents, même s’ils se sont produits sans aucune intention délibérée de ma part. Dieu et ma conscience en sont témoins ».
Bien que Saeed Mortazavi ait été officiellement démis de ses fonctions de Procureur à Téhéran en Août 2009, il avait été nommé ensuite directeur de l’Organisation des caisses de la sécurité sociale Iranienne en Mars 2012, à la suite d’un décret émis par le président de l’époque Mahmoud Ahmadinejad.
En 2016 un autre Tribunal avait également émis un jugement interdisant à Mortazavi de travailler pour le gouvernement pendant cinq ans, le tout assorti d’une lourde amende, pour « Complicité de meurtre » et « Fausse dénonciation » dans le cadre des affaires des crimes qui avaient été commis dans le centre de détention Karhizak.
Avant de devenir Procureur à Téhéran, Mortazavi a aussi été impliqué dans la mort de la jeune reporter photographe Canado-Iranienne Zahra Kazemi -*1, qui était décédée dans des circonstance troubles une après-midi du mois de Juillet 2003, après avoir été embarquée pour « interrogatoire et contrôle d’identité » par des gardiens de la tristement célèbre prison d’Evin de Téhéran, devant laquelle elle était en train d’effectuer un reportage sur les familles de prisonniers politiques.
En tant que jeune Procureur général adjoint dans les années 1990, Mortazavi, a également été responsable de dizaines de fermetures forcées de journaux et de publications qui soutenaient le président « réformiste » Mohammad Khatami. Des fermetures à la chaine qui ont valu le surnom peu flatteur de « Boucher de la liberté de la presse ».
Notes Soliranparis : Le scandale de la prison de Karhizak qui fut relevé à la base par un jeune médecin qui faisait son service militaire au sein de celle-ci en Juillet 2009 (Mort lui aussi dans des circonstances troubles peu de temps après). Par la suite les articles à ce sujet écrits courageusement par les journalistes Mehdi Mahmoudian-*2 et Emadeddin Baghi pour le Centre de défense des droits des prisonniers Iraniens, firent un tel scandale au sein de l’opinion publique Iranienne que ce fut- le dictateur et « guide suprême » Ali Khamenei en personne qui fit fermer cette prison de l’horreur fin Aout 2009.
Voir aussi sur : https://www.iranhumanrights.org/2017/12/tehran-prosecutor-sentenced-to-prison-for-protestors-death-denies-responsibility/
https://www.iranhumanrights.org/2016/09/saeed-motazavi-kahrizak/
Et sur : https://en.radiozamaneh.com/articles/tehrans-notorious-former-prosecutor-sentenced-to-jail/
-*1 Pour l’implication de Mortazavi dans l’affaire de la mort de la journaliste Zahra Kazemi voir sur :
https://www.iranhumanrights.org/2008/02/impunityadinfinitum/
-*2 Voir sur :
Contact – Collectif Soliranparis